LE GRAND BALLON - Sur le toit des Vosges
Dans cette partie méridionale du massif des Vosges que l’on dit « Cristalline » se dresse, impérial, le sommet du Grand Ballon, point culminant de la région avec ses 1424 mètres d’altitude ( également connu sous l’appellation de « Ballon de Guebwiller » ).
La silhouette du Grand Ballon est identifiable entre toutes, surtout depuis la construction en 1997 d’un radar servant à l’aviation civile, bâtiment insolite de forme sphérique entouré d’un belvédère circulaire qui offre au regard du promeneur un panorama grandiose : à ses pieds se déroule toute la plaine d’Alsace, au second plan la Forêt Noire et au-delà, si les conditions météo sont favorables, une grande partie de la chaîne des Alpes, de l'Autriche et du Liechtenstein jusqu’au Mont Blanc… Un peu en contrebas du radôme, face aux vallées Vosgiennes, on découvre le monument dédié aux Chasseurs Alpins de la première guerre mondiale érigé en 1927. la Statue originelle, subtilisée par les allemands en 1940, a été remplacée en 1960. Le « Toit des Vosges » est réputé comme l’endroit le plus froid et venteux d’Alsace, avec des différences de températures de 7 à 10° en moyenne par rapport à la plaine. En hiver, l’épaisseur de la couche neigeuse dépasse couramment les 1,50 m, avec un record observé en mars 2006 de 3,70 mètres ! La température la plus basse a été relevée le 10 février 1956 avec -30,2° C et la plus élevée en août 2003, avec 29° C ( en pleine canicule, tandis que la plaine croulait sous 41° C ! ). En février 2010, lors du passage de la tempête Xynthia, ce sont des pointes de vent de plus de 170 km/heure qui ont balayées le secteur ! On peut dire que les villages de plaine blottis à ses pieds bénéficient d’un véritable rempart naturel !
Le sommet peut être atteint en 15 minutes de marche depuis le parking aménagé sur la fameuse route des crêtes qui passe en contrebas, mais les amateurs de randonnées préfèreront sans aucun doute emprunter le GR5 – sentier de grande randonnée qui relie la Mer du Nord à la Méditerranée.
TOUS LES BALLONS NE SONT PAS ROND…
A présent, il est grand temps de tordre le coup a une idée reçue, fortement ancrée dans les mentalités : « les-sommets-des-Vosges-doivent-leur-nom-de-ballons-à-leurs-formes-arrondies ». Une explication logique, pleine de bon sens… mais fausse !
En effet, s’il est indéniable que la plupart des sommets érodés de ce massif ancien présentent des formes lourdes et bombées, en revanche, le versant Alsacien est nettement plus accidenté et abrupte. Il n’y a d’ailleurs en tout et pour tout que 4 montagnes qui portent véritablement le nom de « ballon » : le Grand et le Petit Ballon, le Ballon d’Alsace et celui de Servance. C’est tout. Or, d’autres cimes tout aussi arrondies – voire plus – n’ont pas eut droit à ce patronyme. Pourquoi ?
En fait, ce nom relève d’une traduction relativement récente de la dénomination germanique originelle, Belchen, terme faisant très probablement référence au Dieu Solaire des celtes : Belen, ou Bélénos. Il existe encore de l’autre côté du fossé rhénan un autre sommet portant ce nom, ainsi que dans le Jura Suisse, le Belchenflüh. D’après les études de certains chercheurs, tous ces sites seraient apparentés et constituaient pour les peuplades Celtes des points de repères astronomiques, liés à la position de l’astre du jour à certaines dates importantes: depuis le Ballon d'Alsace, on voit en effet le soleil se lever au solstice d’été sur le Belchenflüh suisse, au solstice d’hiver sur le Petit Ballon, aux équinoxes sur le Belchen allemand et aux fêtes celtiques de Beltaine (1er mai) et de Lugnasad (début août) au-dessus du Grand Ballon.
A ces dates, des buchers étaient certainement allumés aux sommets des Belchen, pour annoncer l’évènement.
Une hypothèse poétique et fantastique, qui reste très plausible mais n’a pas été prouvée à ce jour. Une seule certitude : les « ballons » des Vosges n’ont rien à voir avec le football !
