LE CHATEAU DU HOHLANDSBOURG
Dans le langage germanique courant, on appelle « Staufen » un sommet large, plat et allongé.
Celui qui surplombe la petite ville de Wintzenheim nous apparaît comme l’un de ces endroits hors du commun fréquentés par l’humanité depuis l’aube des temps. Des fouilles ont permis en effet d’y mettre à jour les traces d’une agglomération datant de l’âge du bronze ( entre 1300 et 750 av. JC ), entourée d’un mur d’enceinte.
L’intérêt du lieu n’est pas vraiment difficile à comprendre : d’ici, on dispose d’un remarquable panorama à 360° englobant la plaine d’Alsace jusqu’aux Alpes Bernoises d’une part et les contreforts des Vosges d’autre part… Par temps clair, il est même possible d’apercevoir la pointe de la cathédrale de Strasbourg !
Bien évidemment, un tel poste d’observation ne pouvait manquer d’intéresser les bâtisseurs du moyen-âge, et c’est ainsi qu’au XIIIè siècle, le château du Hohlandsbourg est élevé sur le site de l’ancienne bourgade protohistorique…
Au fil des temps, le castel primitif – l’Oberschloss – sera progressivement agrandi et renforcé par une imposante muraille de granit, devenant ainsi le plus vaste château-fort des Habsbourg en Alsace avec ses 100 m. de long sur 60 m. de large. Le propriétaire le plus illustre du Hohlandsbourg, Lazare de Schwendi, continuera à rénover la forteresse en faisant rajouter le bastion Nord, armé de canons .
Le château est détruit au cours de la guerre de trente ans sur ordre de Louis XIV et tombe doucement dans l’oubli… jusqu’au XXè. Siècle…
LA RENAISSANCE
( passer la souris sur l'image pour comparer...)
Vers les années 1990, le conseil général, propriétaire de la ruine, lance un ambitieux programme de rénovation et de restauration du Hohlandsbourg. Des travaux titanesques, qui feront couler beaucoup d’encre et ne manquèrent pas d’alimenter une vaine polémique liée à la gestion des dépenses publiques. Mais le résultat est à la hauteur : désormais, on peut à nouveau arpenter le chemin de ronde qui fait le tour complet du château, la cour intérieure a retrouvé ses pavés, la tour-citerne et le puit ont été remis en état, ainsi que les bâtiments internes qui abritent désormais auberge, boutique, salle de conférence et d’expositions…
Même si on peut regretter un certain manque de romantisme, le Hohlandsbourg étant avant tout un château de garnison sans fioritures inutiles, il faut reconnaître qu’il constitue un remarquable témoin de l’histoire mouvementée de notre région et un superbe outil culturel, aux animations variées.
Ouvert d’avril à novembre – entrée payante.
DES DATES, DES FAITS, UN SURVOL HISTORIQUE…
- 1279 : Construction du château, sous les ordres du prévôt de Colmar, Siegfreid de Gundolsheim, afin de surveiller la turbulente ville dont il a la charge. A l’origine, le castel se limite probablement à l’Oberschloss.
- 1281 : deux ans après sa construction ( !), le Hohlandsbourg est pris d’assaut et pillé par les Colmariens, alliés au Grand Bailli Impérial ( et neveu du Roi !)
- 1289 : Reconstruit et consolidé, le château devient une puissante forteresse et un important centre administratif des Habsbourg.
- 1363 : Le château est revendu aux comtes de Ribeaupierre pour la somme de 1000 florins. Puis, par mariage, il devient propriété vers 1398 des comtes de Lupfen, qui s’y succéderont pendant 162 ans.
- 1563 : Lazare de Schwendi, général en chef des armées impériales et proche conseiller de l’Empereur, rachète le castel aux Lupfen et devient « baron de Landsberg », puis en 1572 « baron de Hohlandsberg ».
- 1583 : Mort de Schwendi
- 1632 : Guerre de 30 ans. La forteresse tombe aux mains des suédois, qui la désarment.
- 1637 : Les troupes françaises décident de détruire le Hohlandsberg à grands renforts d’explosifs, pour éviter le risque de voir la forteresse capturée par les troupes autrichiennes. L’essentiel des murs reste cependant en grande partie intact.
- 1840 : Classement au titre des monuments historiques.
- 1985 : Lancement par le Conseil Général du Haut-Rhin d’un important programme de restauration et d’aménagement.